Société et éthique: le mariage pour tous


Lettre ouverte au député Olivier Faure



       Monsieur le député, vous serez bientôt amené à vous prononcer directement sur un sujet dont l’importance se mesure à la passion qu’il suscite au sein de la société française.
Monsieur le député, il ne s’agit pas simplement d’un débat politicien comme tant d’autres, mais bien d’un projet de société qui transcende les clivages idéologiques de nos représentants.
Aussi, nous, français de confession musulmane de votre 11è circonscription tenons à vous faire entendre notre désaccord sur ledit projet de loi « mariage pour tous».



       Tout d’abord, permettez-nous de clarifier certaines dimensions du débat. Jamais une loi n’a changé les mentalités. Le droit, par définition, reflète l’état d’une société et accompagne son évolution. Ce n’est pas par le droit que doit être introduit un tel débat sociétal. Il nous semble téméraire de prendre une telle décision contre la volonté de millions de français s’opposant à ce projet de loi. Nous exprimons une position de principe loin d’être communautariste dans la mesure où elle est largement partagée par grand nombre de nos concitoyens avec ou sans confession religieuse, aussi pluriels que notre France.



       Par ailleurs, nous ne voulons pas rentrer dans un débat sans fin sur l’homosexualité. Notre position est claire, sans l’ombre d’une ambiguïté. Elle n’est pas la voie par laquelle l’être humain s’accomplit. Cher député, il va falloir entendre cette voix qui dit non au mariage homosexuel. C’est une voix française, partie prenante du débat démocratique. Elle n’appelle ni à la haine, ni à la violence. Elle appelle au respect des divergences de points de vue dans la dignité et la compréhension mutuelle. Peut-être devrions-nous spécifier que la symbolique du mariage revêt pour nous une valeur singulière. Le mariage est intrinsèquement lié à l’union d’un homme et d’une femme, il va donc de soi qu’il est littéralement inacceptable que cette symbolique soit détournée de son sens originelle. Il va sans dire que ce mariage impliquerait des questions encore plus sensibles, à l’instar de l’adoption, ou pire, la procréation médicalement assistée. Que penser d’une procréation contre-nature ? Une science au service d’une conscience considéré comme déviante par beaucoup de citoyens français ? Nous savons que vous être contre la PMA, et nous nous en réjouissons. Il faudrait maintenant tenir ce même discours de refus pour ce projet de loi. Cela ne peut pas être, cela ne doit pas être.




       Enfin, quand est-ce que le gouvernement traitera les questions de fond, par ordre de priorité ? La distraction stratégique devient une tradition partagée par l’ensemble de la classe politique française. Quand allons-nous aborder les questions omniprésentes à l’esprit des français ? Quand allons-nous nous concentrer sur le chômage, l’exclusion sociale, la faillite du système éducatif ? Le peuple n’est-il pas assez en difficulté pour le diviser en plus sur des questions secondaires ? Il faudrait avoir le courage de s’attaquer à ces problèmes fondamentaux qui font consensus au sein de la société française. Laissons ces questions-là pour plus tard et fixons-nous des priorités. Cela ne demande qu’un peu de courage.



       Monsieur le député, élu du peuple, vous vous devez de transmettre aux plus hautes instances parlementaires cette prise de position partagée par de nombreux français. Il ne s’agit pas de se rendre à la mosquée du Mée sur Seine en construction, pour manifester votre soutien à l’égard de la communauté musulmane, à la veille d’élections législatives. Nous attendons de vous une responsabilité de l’écoute présente sur le long terme, non pas au vu d’une élection.



      Monsieur le député, nous suivrons avec attention votre participation au débat parlementaire. Nous souhaitons vivement que notre voix soit rendue audible entre autre par votre contribution personnelle. Nous évaluerons votre sincérité à la lumière de votre apport à une critique légitime de ce projet de loi.



       En espérant que nos voix vous soient audibles, Monsieur le député, et que vous puissiez les faire valoir au sein du débat parlementaire.


L’Union des Musulmans du Mée.